Les enquêteurs judiciaires vont prochainement rendre leur rapport sur l’accident du vol Air Algérie AH5017 survenu fin juillet 2014, au Mali (106 morts). Le rapport préliminaire des juges soulignait un possible état de fatigue de l’équipage, se basant sur la gestion des temps de vol par rapport au temps de repos tel que mis en place par la compagnie espagnole Swift Air, assurant le vol AH5017. Pour leur part, les enquêteurs techniques se sont contentés de la souligner sans pour autant la juger susceptible d’avoir eu un rôle dans le déroulé du vol AH 5017.
Nous vous proposons de revenir sur le synopsis de l’accident et sur les conclusions et recommandations de la commission d’enquête Malienne et du BEA. Leur rapport final attribue l’accident à la non sélection de la protection anti-givrage moteur, ce qui a conduit à un givrage des sondes Pt2, a une réduction de la poussée et donc de la vitesse, jusqu’au décrochage que l’équipage n’a pas reconnu comme tel et auquel il n’a donc pas réagit comme prévu par la formation et les procédures.
Dans la nuit du 23 au 24 Juillet 2014, le vol AH 5017 à destination d’Alger disparaissait une demi heure après son décollage de Ouagadougou (Burkina Faso); 100 passagers et 6 membres d’équipage perdaient la vie dans ce drame. Cette nuit là, un vaste système orageux lié à la zone de convergence intertropicale (ZCIT) s’étendait au Nord de Ouagadougou et affectait directement la route empruntée par le vol AH 5017 vers Alger via Gao (Mali).
L’étude du Rapport Final de la Commission d’Enquête du Mali et du BEA nous révèle les causes et circonstances qui ont conduit à cet accident, ainsi que les recommandations de sécurité qui ont été adressées à l’OACI, la FAA, l’EASA et Boeing.
Un vol Air Algérie opéré par l’espagnole SwiftAir
Le vol AH 5017 était effectué, dans le cadre d’un affrètement saisonnier, par le DC-9-83 (MD-83), immatriculé EC-LTV, exploité par la compagnie Espagnole SwiftAir. Le contrat d’affrètement prévoyait la location de l’avion ainsi que de son équipage technique et commercial, l’ensemble des opérations au sol et en vol étaient donc sous la responsabilité de SwiftAir, sous l’égide de son agrément d’opérateur d’aéronef (aircraft operator’s certificate ou AOC).
Les règlements applicables était donc les règlements Européens (en particulier les règlements EU-OPS et EU-FCL, pour les parties opérations et formation / qualification, respectivement) et les règlements Espagnols applicables.
Le contexte opérationnel
L’avion était arrivé à Ouagadougou – en provenance d’Alger – dans la soirée, suivant une route Nord-Sud via Gao (Mali) et le point de report EPEPO. Le contrôleur avait anticipé un départ par la même route (une de deux procédures possibles pour les départs vers le Nord) et avait préparé par anticipation les « strips » correspondants. Les « strips » sont des bandelettes de carton utilisées par les contrôleurs pour noter les instructions données à chaque avion.
La nuit du 23 au 24 Juillet 2014 un vaste système orageux, lié à la zone de convergence intertropicale (ZCIT) s’étendait au Nord de Ouagadougou jusqu’à Gao et englobait donc la route de départ passant par le point EPEPO, suivant la route aérienne G859, puis Gao. Cette situation météorologique était connue de l’équipage mais pas du contrôleur.
Le commandant de bord avait lui prévu un départ vers l’Est puis le Nord vers Niamey (NY), via la route aérienne G854, puis le point de report ROFER et la route aérienne UM608, contournant ainsi la zone convective ci-dessus. Un plan de vol reflétant ce choix avait été déposé (cette route était d’ailleurs la route standard des équipages de SwiftAir pour le vol retour Ouagadougou – Alger).
Lors de la réception de sa « clearance » (autorisation de route) proposant un départ direct vers le Nord, via EPEPO et Gao, le commandant de bord aurait pu exprimer son désaccord et demander un départ conforme à la demande de plan de vol, ce que les conditions météorologiques auraient pleinement justifié.
Le synopsis de l’accident
L’appareil décolle à 1h15 (heure locale) de la piste 22R de Ouagadougou, après un virage à droite il prend le cap 023° vers le point EPEPO. Le pilote automatique (PA) est engagé à 10,500 ft, l’auto-manette (A/THR) étant engagée depuis le décollage.
Durant la montée, l’équipage demande à trois reprises des altérations de cap, pour éviter des zones d’intense activité convective, avant de demander un cap 019° afin de revenir sur la route planifiée. Durant cette montée, ni les systèmes d’anti-givrage nacelles / moteurs, ni les systèmes de dégivrage cellule ne sont utilisés.
L’avion se met an palier au FL310 (environ 31,000 ft), un niveau de vol compatible avec la masse de l’avion et qui lui assure le niveau de performance requis même en cas d’utilisation de tous les systèmes anti-givrage / dégivrage. De plus, ce niveau de vol garantit une marge de manœuvrabilité lui permettant des évolutions sous 1.3 g ou 20° d’inclinaison (afin de faire face aux turbulences ou éviter une zone de mauvais temps intense).
La vitesse de croisière est initialement de Mach 0.740. Le pilote automatique maintient l’altitude sélectée en mode ALT HOLD et l’auto-manette maintient la vitesse sélectée en mode MACH.
Décrochage et descente en spirale
A partir de 1h38, des fluctuations de vitesse et d’EPR (paramètre de conduite des réacteurs) apparaissent. Les valeurs d’EPR mesurées et affichées aux pilotes restent élevées mais les valeurs de N1 (régime de rotation du corps basse-pression du réacteur) diminuent vers le ralenti (voir explication technique détaillée en Annexes 1 et 2).
La vitesse commence à régresser (diminuer), l’assiette et l’incidence commencent à augmenter sous l’action du PA qui agit à cabrer sur les gouvernes de profondeur, afin de tenter de maintenir l’altitude sélectée. Ce phénomène se développe jusqu’à 1h45, à ce moment, l’avion ne peut plus maintenir le vol en palier et commence à descendre (sa poussée disponible est en effet devenue inférieure à la poussée nécessaire au vol en palier).
Peu de temps après, l’avion décroche et part en virage à gauche avec une assiette à piquer de 80° et une inclinaison à gauche de 140° (soit en vol partiellement inversé).
Durant cette descente en spirale, les ordres du pilote sont à l’inverse de ceux que l’on attendrait pour sortir de cette situation ; il maintient en effet des ordres essentiellement à cabrer, ce qui maintient l’avion dans son état de décrochage et il maintient des ordres en roulis à droite (ce qui peut accélérer la rotation à gauche si l’avion est « en vrille »).
Le pilote ne semble pas avoir identifié la situation de décrochage et réagit en conséquence.
Les dernières données enregistrées à 1 h 47 ‘ 15 » sont :
L’enquête menée par le Mali
L’accident s’étant produit près de la ville de Gossi en territoire Malien, la responsabilité de l’enquête de sécurité incombe donc au Mali (state of occurrence). Une Commission d’Enquête sur les Accidents et Incidents d’Aviation Civile est constituée sous l’autorité du Secrétariat Général du Ministère de l’Equipement, des Transports et du Désenclavement.
Cette commission d’enquête a publié les rapports suivants :
Les divers éléments de cet article reflètent les faits, analyses et conclusions figurant dans ces rapports.
Une perte de contrôle identifiée
L’accident du vol AH 5017 apparait donc comme étant le résultat d’une perte de contrôle consécutive à la séquence d’évènements suivants :
Il est à noter que les systèmes anti-givrage moteurs et dégivrage cellule n’ont pas été activé durant le vol, ni durant la montée, ni durant la croisière.
Il est probable que l’équipage n’ait pas identifié la situation critique qui se développait ni reconnu la situation de décrochage (ce qui explique qu’il n’ait pas appliqué les actions classiques de récupération).
Par ailleurs, l’enquête n’a identifié aucun manquement de la compagnie dans son respect des divers règlements Européens et Espagnols applicables ; aucune recommandation de sécurité n’a donc été émise concernant la compagnie SwiftAir.
Seule une adaptation dans la mise en œuvre des temps de vol / temps de repos a été identifiée, mais elle n’a pas été jugée susceptible d’avoir eu un rôle dans le déroulé du vol AH 5017.
Recommandations de sécurité – Généralités
Les recommandations de la commission d’enquête ont été publiées en deux temps :
Le Rapport Final rappelle également les recommandations de sécurité émises suite aux deux évènements similaires antérieurs suivants :
Recommandations de sécurité – Givrage des sondes Pt2
Recommandations de sécurité du 10 Juillet 2015 (lettre à la FAA et l’EASA) :
Recommandations de sécurité du 22 Avril 2016 (Rapport Final) :
Recommandations de sécurité – Reconnaissance et récupération du décrochage
Recommandations de sécurité du 22 Avril 2016 (Rapport Final) :
Recommandations de sécurité – CVR (Cockpit Voice Recorder)
Recommandations de sécurité du 22 Avril 2016 (Rapport Final) :
Recommandations de sécurité – SAR (Search and Rescue)
Recommandations de sécurité du 22 Avril 2016 (Rapport Final) :
Suivi des recommandations de sécurité relative à des évènements similaires antérieurs
La commission d’enquête a souhaité s’assurer du statut des recommandations de sécurité émises par les autorités Vénézuéliennes et le NTSB suite à l’accident du MD-82 de West Caribbean Airways et de l’incident du MD-82 de Spirit Airways, tous deux présentant des similarités avec l’accident du vol AH 5017.
Recommandations de sécurité liées à l’accident du vol West Caribbean Airways, le 16 Août 2005, au Venezuela :
A la date du 22 Avril 2016, ni la FAA, ni Boeing, ni l’EASA n’avait répondu à ces recommandations de sécurité !
Recommandations de sécurité liées à l’incident du vol Spirit Airways, le 2 Juin 2002 :
Comme on peut le constater dans les deux évènements ci-dessus, les recommandations de sécurité émises à la suite d’un incident ou accident ne sont pas toujours prises en compte et mises en œuvre par les entités auxquelles elles s’adressent … et ne font pas toujours l’objet d’une réponse documentée à l’intention de la commission d’enquête émettrice !
Conclusions de la rédaction
L’enquête conduite par la commission d’enquête Malienne, assistée du BEA, s’est attachée à analyser les faits et circonstances liés à l’accident du vol AH 5017, mais a également revisité les conclusions et recommandations de sécurité se rapportant à deux évènements antérieurs (un accident et un incident) montrant de grandes similarités avec l’accident étudié.
Il est à regretter que plusieurs des recommandations de sécurité émises à la suite de ces deux évènements antérieurs soient restées sans réponses de la part des entités auxquelles elles étaient adressées. Par ailleurs, l’enquête relative à l’exploitant SwiftAir n’a révélé aucune non-conformité par rapport aux règlements Européens et Espagnols applicables.
Michel Trémaud
Annexe 1
A propos de l’EPR
Le paramètre de conduite (d’affichage de la poussée) sur les moteurs à réaction peut être exprimé de deux façons :
Le choix de l’un ou l’autre de ces paramètres est un choix souvent « historique » pour chaque fabricant de réacteur.
En ce qui concerne l’EPR, la pression totale d’entrée est connue sous l’appellation Pt2 (pression totale à la station 2 – l’entrée du fan) et est mesurée, sur le réacteur JT8D-219 par une sonde unique située au centre du cône d’entrée d’air. La pression totale de sortie est connue sous l’appellation Pt7 et est mesurée par plusieurs sondes réparties à la station 7 – la sortie de la turbine basse pression.
Un transmetteur EPR calcule le rapport Pt7 / Pt2 et l’envoie à l’avion pour affichage et pour utilisation par les calculateurs de poussée limite et d’auto-manette.
La sonde Pt2 est protégée du givrage (de façon préventive – concept « anti-ice ») par une circulation d’air chaud prélevé sur le compresseur du réacteur.
En cas de givrage de la sonde Pt2, la valeur de Pt2 diminue et le rapport Pt7 / Pt2 (donc, l’EPR) augmente … mais cette valeur erronée (surestimée) ne représente plus la poussée réellement délivrée par le réacteur.
Annexe 2
A propos du système auto-manette
Comme indiqué dans l’article intitulé Pilote automatique – Avatar du pilote ?, en croisière le pilote automatique maintient l’altitude sélectée en agissant sur les gouvernes de profondeur pour ajuster l’assiette (pitch attitude), le maintien de la vitesse est donc confié à l’auto-manette qui ajuste la poussée (l’EPR) pour maintenir la vitesse sélectée.
Les modes correspondants sur le MD-83 sont le mode PA « ALT HOLD » et le mode A/THR « MACH SEL ».
De plus, tout en ajustant la poussée comme nécessaire, l’auto-manette du MD-83 s’assure que l’EPR affiché ne dépasse pas la valeur limite (EPR LIM) pour la phase de vol considérée (CR, en croisière). Si tel est le cas, l’auto-manette limite son action pour maintenir l’EPR affiché égal à la valeur EPR LIM ; ceci est indiqué au pilote pas une transition du mode MACH vers le mode MACH ATL (Autothrottles Thrust Limit).
Lors du vol AH 5017, plusieurs transitions du type MACH / MACH ATL / MACH ont été observées, ce qui peut s’expliquer par des valeurs erronées (surestimées) de l’EPR mesuré, résultant d’un givrage des capteurs Pt2.
Comme indiqué ci-dessus, si par suite du givrage des sondes Pt2, les valeurs d’EPR mesurées augmentent au point de dépasser la valeur EPR LIM, l’auto-manette réduits la poussée (donc les manettes) autant que nécessaire pour essayer de ramener la valeur d’EPR mesuré sous la valeur limite … mais dans un tel cas de givrage cette action n’a pas un effet direct sur l’EPR mesuré, la réduction va donc se poursuivre et progressivement ramener les manettes de poussée vers et jusqu’au ralenti … entrainant une réduction significative de poussée … donc de vitesse.
Dans une telle situation, l’avion va dans un premier temps maintenir le vol en palier mais au prix d’une augmentation d’assiette et d’incidence (pour maintenir le bilan de sustentation) puis, ne pouvant plus maintenir le palier, il va commencer à descendre … puis décrocher, surtout si le PA ou le pilote maintient un ordre à cabrer pour tenter de conserver l’altitude sélectée.
C’est cette séquence d’évènements qui a conduit à la perte de contrôle du vol AH 5017.
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Les sondes Pitot qui ramènent au Rio-Paris ...
Ce qu'il faut préciser, dans le cas du Rio-Paris (AF447).
Le réchauffage des sondes est géré par un calculateur, PHC (Probe Heat Computer)
Le bouchage des sondes Pitot par des cristaux de glace a bien été identifié par l'avion : un message ACARS adressé vers le sol pendant la chute de l'avion (BEA : 02:11:49 Probe Pitot 1x2, 2x3etc...);
Mais cette information n'est pas prévue être destinée aux pilotes (ECAM). A eux de se débrouiller pour identifier la source de la panne racine. Or, les premiers messages ont concerné le pilote automatique, les commandes de vol, les moteurs, etc ... le seul message lié à la panne des sondes Pitot est tombé à l'ECAM 2 mn et 39 s plus (trop) tard.
Dans le cas de ce DC9 les sondes Pitot ne me semblent pas avoir été impactées (ou bien j'ai lu trop vite).
Et c'était un avion d'une autre génération ...
Extrait "La sonde Pt2 est protégée du givrage (de façon préventive – concept « anti-ice ») par une circulation d’air chaud prélevé sur le compresseur du réacteur"
Questions :
Existe-t-il effectivement sur ce MD 83 un autre système (résistance électrique chauffante par exemple) qui viendrait renforcer la protection anti-ice basique de cette sonde PT2 et que l'équipage aurait pu actionner?
Dans le rapport des enquêteurs administratifs, y a-t-il une explication sur le fait que le système de protection basique par circulation d'air chaud sur cette sonde PT2 - qui lui fonctionne si j'ai bien compris constamment ("de façon préventive") - n'a pas été suffisant pour empêcher le givrage de la sonde PT2?
Merci
A ma connaissance, il n'y a pas de réchauffage par résistance électrique sur la sonde Pt2 moteur du JT8D-219.
Par ailleurs, la protection anti-givrage par air chaud n'est pas disponible en permanence mais est activée lorsque la protection anti-givrage moteur est sélectionnée (ceci couvre non seulement la sonde Pt2 mais également le cône et les aubes fixes d'entrée d'air réacteur (nose cone et inlet guide vanes) ainsi que le carénage d'entrée d'air (nose cowl).
C'est cette protection anti-givrage globale du réacteur que le pilote du vol AH5017 n'a pas activé ... pour une raison que nous ne connaîtrons jamais (mais qui est potentiellement liée à l'interprétation de la notion de "visible moisture").
Claude,
Concernant votre question "La conséquence du givrage de la sonde PT2 sur la puissance maximale « disponible » quand l’auto-throttle est en fonction a-t-elle été envisagée lors de la certification? ", je ne saurais répondre au nom de MDC (ni de Boeing ou même Airbus).
Mais votre question est l'occasion de parler de ce que l'on appelle les "analyses de sécurité des systèmes" (anciennement couvertes par la FAR / JAR 25-1309).
Pour chaque défaillance possible, une arborescence est établie qui identifie tous les contributeurs possibles et leurs relations ... ainsi que leurs probabilités d'occurrence.
Cette arborescence inclut les pannes primaires qui peuvent conduire à cette défaillance ainsi que les actions humaines (de maintenance ou d'utilisation) qui peuvent - au contraire - l'éviter (c'est donc une analyse à charge et à décharge).
La probabilité finale de défaillance doit satisfaire un objectif qui est fonction de la criticité de la dite défaillance.
Par exemple, à l'époque des premières certifications ETOPS avec 120 minutes de temps de diversion, la probabilité de perte des deux moteurs était fixée à 10E-10 (soit un cas pour 10 milliards d'heures de vol ).
Pour la perte d'un système redondant tel qu'un système hydraulique, l'objectif est de l'ordre de 10E-5 (soit un cas pour 100 000 heures de vol).
Pour revenir au cas de la sonde Pt2, le fait qu'il existe une procédure préventive a sans aucun doute été comptabilisé (en tant que facteur d'atténuation) dans l'analyse de sécurité du système.
Le but du résumé ci-dessus n'est pas de justifier l'existant mais de profiter de ce fil de discussion pour partager quelques informations sur les processus de conception et certification.
Merci de ces précisions.
Conclusions :
1- il n'y a pas de dispositif permanent préventif contre le givrage de la sonde PT2
2- il faut actionner le dispositif d'anti givrage moteur pour bénéficier du réchauffage par air chaud de la sonde PT2 et protéger cette sonde du givrage.
Question : la conséquence du givrage de la sonde PT2 sur la puissance maximale "disponible" quand l'auto-throtle est en fonction a-t-elle été envisagée lors de la certification?
Degivrages des sondes?? Encore?? Elles ont bon dos depuis le triste Rio Paris..
Ca ne m enlevera pas le doute vu le peu de debris visibles sur les videos publiees..
Ca ressemble plutot a un eparpillement en vol, un peu comme le DC 10 d UTA au Tchad il y a quelques annees.. Un appareil de cette taille ne se volatilise pas en confetis microscopiques version star war lors d un impact massif avec le sol sans que l on retrouve rien..Comme on a voulu aussi nous le faire croire au Pentagone et en Pensylvanie en septembre 2001 par exemple..
Pour info on a mis plusieurs mois pour deterrer les debris du 320 German wings, et il y en avait vraiment beaucoup..Et pourtant il a bien percuter la planete plein badin aussi..
Les diverses "sondes" sont des composants très exposés aux éléments atmosphériques et aux interventions humaines.
On se souvient du colmatage de sondes pitots par des guêpes maçonnes (B757, Birgenair), du colmatage de prises de pression statique par de la bande adhésive (B757, Aero Peru), du blocage par givrage de sondes d'incidences dû à un lavage trop direct et généreux (A320, XL Airways), ...
Les diverses sondes et leurs chaînes de mesure sont "drainées" et "réchauffées" pour faire face aux conditions atmosphériques définies par les règlements de certification.
Comme en toute chose, l'expérience nous apprend que toute norme ne constitue pas une vérité absolue ; des niveaux extrêmes de précipitations peuvent momentanément excéder la capacité de drainage ou des niveaux extrêmes de conditions givrantes peuvent temporairement excéder la capacité d'anti-givrage.
C'est ainsi que les exigences de certification et les bonnes pratiques évoluent.
Il en a été ainsi des critères d'ingestion d'eau par les réacteurs et de l'augmentation de la tolérance des sondes diverses à l'absorption d'eau et au givrage.
Sur le plan des procédures, la notion de "visible moisture" - et son interprétation - a également fait l'objet de discussions récentes (dont je ne connais pas les conclusions).
Oui...et donc...tu penses à quoi ?
En tout cas, pas a un impact massif de la totalite de l aeronef au meme endroit.
Quelle drôle de question, et quelle drôle d'hypothèse: ça existe depuis une bonne vingtaine d'années, et pour la plus grande satisfaction des pilotes qui ont la chance de voler sur des avions équipés!
Quelqu'un pourrait me dire quelle impossibilité technique empêche de mettre un dégivrage automatique des sondes quand on voit combien d'accidents sont causés par un défaut de ces sondes ?
C'est une exigence des pilotes pour accroître l'idée qu'ils sont indispensables à la bonne marche d'un avion, ou c'est juste que personne n'y a pensé avant ?
Effectivement, des systèmes de détection de givrage (ice detector), avec l'illumination d'une alerte, existent depuis le début des années 80's.
Cependant, d'un point de vue certification, il faut distinguer trois groupes d'éléments à protéger du givre :
- les sondes (pitots, statiques, incidence, TAT) dont la protection anti-givrage est sélectionnée au sol. Cette protection sera active dès le décollage (elle peut en effet être inhibée ou réduite au sol pour ne pas surchauffer la sonde),
- les moteurs / nacelles dont la protection givrage est certifiée comme un système "anti-ice" et se doit donc d'être activée de façon "préventive",
- la cellule dont la protection givrage est certifiée comme un système "de-ice" et peut donc être activée de façon "curative".
L'activation du système de dégivrage de la cellule peut donc se faire sur la base de l'observation de givre sur les essuie-glaces ou de l'activation de l'alerte "ice detected".
Par contre, l'activation de l'anti-givrage moteurs / nacelles doit se faire sur la base de l'observation de conditions potentiellement givrantes, en termes de température et humidité ; généralement une TAT inférieure à + 6°C en présence d'humidité / condensation visible (visible moisture).
Pour attirer l'attention des pilotes, la plupart des avions glass-cockpit affiche un message "TAT in icing range" lorsque la TAT est inférieure à la valeur ci-dessus.
Tout ceci explique pourquoi, bien que des systèmes de détection de givrage existent depuis 30 ans, le concept de certification "anti-ice" ne permet pas de les considérer pour l'activation manuelle ou automatique de la protection moteurs / nacelles.
Ceci reflète l'histoire telle que je l'ai vécue dans les années 1980, d'après le rapport de la commission d'enquête et les document qui y sont joints, ceci semble être encore d'actualité.