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Vol au milieu d’un nid d’oiseaux rares.

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Martin R.

Les 1100 hectares de l’aéroport constituent un paradis pour les oiseaux. Plus d’une cinquantaine d’espèces dont une trentaine protégées y est recensée. Cette faune représente aussi un problème de sécurité. Pour y remédier, l’aéroport a choisi de faire appel aux ornithologues… plutôt qu’aux chasseurs.


Les oiseaux représentent un danger pour l’aviation. Une collision, au décollage ou à l’atterrissage, peut être lourde de conséquence.  » Les pilotes nous signalent entre quinze et vingt incidents par an « , précise Jean-Pierre Flori, chargé du dossier à la direction régionale de l’aviation civile. Le problème est pris très au sérieux à tous les niveaux. Des moyens importants sont mis en œuvre par les aéroports à travers la planète, petits et grands, pour faire fuire les oiseaux qui investissent leurs terrains.

 » L’Organisation mondiale de l’aviation civile préconise trois méthodes « , explique Jean-Luc Briot, chargé de la prévention des risques aviaires au Service technique de l’aviation civile.  » La première consiste à diffuser des cris d’oiseaux en détresse par haut-parleurs. La deuxième, à utiliser les fusées détonantes et crépitantes. Et enfin, en dernier ressort, à, purement et simplement, tirer les espèces d’oiseaux autorisées par la préfecture « .

Aucune de ces trois techniques n’est une solution définitive. Au quotidien, la lutte contre le péril aviaire mobilise des moyens en hommes et en matériel importants. Lyon-Saint Exupéry emploie quatre agents spécialisés rattachés au chef des pompiers. A l’aide de véhicules équipés, ils interviennent dès que des oiseaux sont repérés à proximité des pistes pour les mettre en fuite.

Lutte permanent contre un danger réel

 » C’est une lutte sans fin et l’extermination d’une espèce n’est pas non plus une réponse au problème. Si l’on tue des individus dangereux pour l’aviation, on libère, sur l’aéroport, une niche écologique qui tôt ou tard sera occupée par de nouvelles espèces « , affirme Christophe Darpheuil, directeur de Naturama, association de protection de l’environnement, auprès de laquelle s’est rapproché l’aéroport pour rechercher une solution pérenne. Depuis des années, déjà, les services des espaces verts de Lyon-Saint Exupéry expérimentent des options qui contrarient les habitudes des oiseaux et les éloignent.  » Nous procédons, par exemple, à une tonte haute, entre 10 et 20 cm, pour empêcher les oiseaux de se poser au sol. Nous recourons aussi au compactage pour chasser les mulots qui constituent traditionnellement des proies de choix pour les rapaces « , explique Patrick Dambonville, qui a en charge l’entretien des 1.100 hectares d’espaces verts de la plate-forme.

Il s’agit nécessairement de réponses partielles qui reposent toutefois sur une bonne connaissance des comportements des différentes espèces qui fréquentent l’aéroport. D’où l’idée de faire appel à des spécialistes pour cerner de manière encore plus précise le problème. L’aéroport s’est donc tourné, l’année dernière, vers l’association Naturama afin qu’elle puisse préconiser de nouvelles solutions alternatives. Naturama a commencé par dresser un inventaire de la faune locale en menant une campagne d’observation pendant plusieurs mois.

Inventaire détaillé de la faune aviaire

Christophe Darpheuil reconnaît avoir été surpris par la richesse et la variété des oiseaux qu’il a identifiés sur l’aéroport :  » Nous avons répertorié une cinquantaine d’espèces différentes dont 33 protégées qui représentent un enjeu certain dans la préservation du patrimoine local « . Et encore, ces travaux n’ont pu débuter que tard dans la saison, après le passage des grands oiseaux migrateurs, notamment les cigognes, pour lesquels, Lyon-Saint Exupéry est une escale.  » L’aéroport est devenue une véritable réserve naturelle. La clôture empêche les prédateurs de pénétrer. C’est un havre de paix pour la plupart des espèces et une halte migratoire « .

Pour les espèces les plus menacées, l’aéroport apparaît comme un refuge. C’est le cas du courlis cendré ou de l’oedicnème criard. Le premier est un oiseau d’une soixantaine de centimètres de haut qui possède un long bec courbe, de grandes pattes et un plumage moucheté. Le second est reconnaissable à son gros œil jaune typique des oiseaux nocturne. Ce sont là des animaux en voie d’extinction.  » Avoir la chance d’en trouver sur l’aéroport est le signe de la qualité de l’environnement, en particulier d’une bonne gestion des pesticides « .

Recherche de solutions durables

Tous les oiseaux ne constituent pas une menace directe pour l’aviation. Seules certaines espèces par leur comportement grégaire ou leur taille constituent un réel risque. C’est le cas des vanneaux, des mouettes, des goélands et des milans noirs, qui peuvent être ingérés par un réacteur. C’est aussi celui de certains rapaces qui sont impliqués dans plus de la moitié des collisions entre avions et oiseaux.

 » Nous ne sommes pas des écolos purs et durs. Pour nous aussi la vie humaine passe avant tout. Toutefois, il n’est pas nécessaire de tuer les oiseaux « . Naturama a proposé une série de mesures qui vont maintenant être discutées avec les hommes de terrain de l’aéroport.  » Le faucon crécerelle est une gêne importante pour l’aviation en raison de sa taille et de fortes densités. Il est ingérable. Nous proposons de stabiliser les populations qui ont appris à vivre avec les avions de manière à empêcher le développement de jeunes individus non expérimentés « . C’est aussi une préconisation de l’ornithologue de l’Aviation Civile, Jean-Luc Briot.  » Nous préférons préserver un rapace familier des lieux, en nous efforçant toutefois de le garder loin des pistes, ce qui n’est pas toujours facile « , reconnaît-il.
L’un des maîtres mot est de tout faire pour éviter d’appâter involontairement les oiseaux.  » Les milans noirs sont attirés par la fauche des bandes herbeuses. En fauchant tôt le matin, à l’aube et le soir, au crépuscule, il serait possible d’éviter la présence de ces grands rapaces diurnes sur l’aéroport « , fait remarquer Christophe Darpheuil, citant un exemple parmi d’autres de la démarche qu’il propose.

En découvrant l’incroyable richesse ornithologique dont recèle Lyon-Saint Exupéry, il se prend à rêver de découvrir, à l’occasion d’une prochaine campagne d’observations, une outarde canepetière. Cette sorte d’autruche miniature est le fantasme de tous les ornithologues. Elle a disparu de la région, il y a plus de cinquante ans. S’il existe une chance d’en voir réapparaître une, c’est bien ici, sur l’aéroport. Christophe Darpheuil en est convaincu.

Gil Roy. Dialogue N°30 / Mars 2006

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Martin R.

Martin R. est le développeur et webmaster d’Aerobuzz depuis sa création en 2009. Développeur de formation, il a fait ses classes chez France Telecom. Il lui arrive d’oublier ses codes le temps de rédiger un article sur un nouveau produit multimedia ou sur un jeu.

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