Rémi Plésel, l’officier pilote de ligne (copilote) du vol QZ8501 qui s’est abîmé en mer de Java, le 28 décembre 2014, avec ses 162 passagers et membres d’équipage, était martiniquais. C’est vers la quarantaine qu’il a enfin réalisé son rêve de devenir pilote de ligne au sein d’Air Asia Indonesia, avec l’aide d’une association de pilotes professionnels antillo-guyanais (APPAG).
En découvrant que le copilote du vol QZ 8501 qui a disparu entre Surabaya (Indonésie) et Singapour (28 décembre 2014) était français, les professionnels de l’aéronautique ont aussi noté que l’expérience de cet officier pilote de ligne (OPL) n’était pas en rapport avec son âge. Rémi Plésel avait, en effet, 45 ans et un peu plus de 2.200 heures de vol seulement. Ce « jeune » pilote n’avait en effet débuté sa carrière que deux ans plus tôt, tout simplement parce qu’il n’avait jamais renoncé à son rêve.
Rémi Plésel appartient à cette catégorie d’individus qui vont au bout de leur passion. « Il était brillant » explique son ami Lucien Plaisance, pilote de ligne long courrier (A330) à Air Caraïbes Atlantique. Et parce qu’il avait une tête bien faite et qu’il voulait devenir pilote de ligne, il a logiquement tenté la voie royale. Par deux fois, il s’est retrouvé bloqué en tête de la liste d’attente de l’ENAC (Ecole nationale d’aviation civile). A défaut d’être admis dans l’Aviation civile, il est devenu, en 1996, ingénieur des Ponts et Chaussée. Mieux qu’un lot de consolation, d’autant que son prestigieux diplôme lui a ouvert les portes de Total.
Une carrière toute tracée s’offrait au jeune martiniquais, mais le gamin du Marigot, n’ambitionnait pas de gravir les étages du siège de la Défense. « Cadre chez Total, il gagnait bien sa vie. Il a ainsi pu payer sa formation de pilote de ligne de A à Z et passer une qualification de type A320 », précise Lucien Plaisance. « C’est quand, il a eu toutes ses licences en poche qu’il s’est rapproché de nous ».
Lucien Plaisance est aussi le président de l’Association des pilotes professionnels antillo-Guyanais (APPAG), créée en 2001, et qui a pour vocation d’aider les jeunes antillais et guyanais qui souhaitent faire une carrière dans l’aéronautique. Rémi Plésel ne répondait pas aux critères de l’association puisque l’APPAG s’adresse aux ab initio. En revanche, le courant est tout de suite passé. « Je lui ai conseillé de créer une antenne à Paris. Beaucoup de jeunes antillais et guyanais restent en métropole après leurs études supérieures. C’était un moyen pour nous d’aider ceux d’entre eux qui voulaient devenir pilotes de ligne ». Rémi Plésel est ainsi devenu vice-président de l’association. « Il a mis sa façon de fonctionner à notre disposition. Chez Total, il avait en particulier appris à négocier ». C’est grâce à l’APPAG que Rémi Plésel a été recruté par Air Asia Indonesia.
Quand la filiale de la compagnie malaisienne est venue, en 2012, en Espagne chez CAE Global Academy organiser des sélections de pilotes de ligne, l’APPAG a présenté les élèves de sa première promotion qui venaient de terminer leur cursus. Rémi Plésel a fait partie des candidats. Ils ont été six à être retenus par Air Asia Indonesia. Ils ont signé un contrat de trois ans. Le quadragénaire totalisait alors 850 heures de vol, affirme son ami. Des heures qu’il avait financé lui-même, avec son salaire, pour entretenir ses qualifications. « Il allait souvent voler aux Etats-Unis ». Il a notamment effectué son mûrissement au pilotage à l’école de pilotage de la compagnie aérienne Delta Airlines, à Sanford (Floride).
« Rémi était très content de son emploi chez Air Asia Indonesia. Il volait énormément. Il devait souvent se lever tôt et faire beaucoup d’étapes dans la journée, mais il se faisait une expérience ». Rémi Plésel était le seul des six pilotes antillais à être basé à Jakarta. Malgré l’éloignement géographique, il restait très actif au sein de l’association. « Il était un fidèle des fidèles. C’est lui qui a trouvé le nom du futur Campus des métiers de l’aéronautique « CACE » pour Caribbean Aviation Centre of Excellence ». Ce campus est la dernière initiative en date de l’APPAG, lancée début 2014 et qui s’inscrit dans le prolongement des deux premières promotions d’élèves pilotes, le cursus de la deuxième s’achevant début 2015. « Ce projet a pour but d’intégrer nos jeunes dans les compagnies aériennes nationales et internationales et de créer un réseau regroupant les différentes générations de pilotes de nos régions. Avec Rémi, nous formions un tandem. Le campus, c’est lui ». Une convention a été signée avec l’ ENAC. Le début des cours en Guadeloupe aura lieu au Campus du Camp Jacob à Saint – Claude, au cours du premier semestre 2015. Suivront ensuite les étudiants aspirants pilotes des filières à l’international, au second semestre 2015 avec CAE Bruxelles Oxford Global Academy.
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Vol QZ 8501 : Rémi Plésel, un copilote engagé
Reuters annonce que le CDB était hors de son siege pour tenter une procédure inédite -- tirer in breaker pour couper l'alimentation du Flight Augmentation Computer -- et que Remi Plésel, le copilote (dont la famille viens de porter plainte contre AsiAair pour des motifs qui n'ont rien a voir avec le crash) aurait manuellement fait décrocher l'Arbus. A suivre...
http://www.reuters.com/article/2015/01/31/us-indonesia-airplane-idUSKBN0L404E20150131
Vol QZ 8501 : Rémi Plésel, un copilote engagé
Je presente mes sinceres condoleances a l'association APPAG egalement a l'association des professionels de pilotes de ligne francais ainsi qu'a la petite famille du disparu REMI PLESEL
Vol QZ 8501 : Rémi Plésel, un copilote engagé
Reçois Rémi le salut de tes collègues quel bel exemple de tenacité.
Quand à M.Trebor "l'ancien pilote privé à la retraite", de grâce, laissez "rêver aveuglément" un "ingénieur qui souhaiterai prendre un siège dans la cabine de pilotage d'un avion commercial" et si "vous avez trouvé que le pilotage était un travail plutôt ennuyeux en plus d’être stressant" je me demande pourquoi vous avez passé votre pilote privé.
Bon rétablissement M. Trebor.
Vol QZ 8501 : Rémi Plésel, un copilote engagé
"good job" Rémi et bons vols là où tu es.
Vol QZ 8501 : Rémi Plésel, un copilote engagé
Rémi pour moi tu es un vrai soldat, tu t'es battu pour ton idéal et tu es mort au combat...
A tout l'équipage et tous les passagers du vol AirAsia reposez en paix :(
Vol QZ 8501 : Rémi Plésel, un copilote engagé
Respect !
Bob; Un ancien du métier.
Vol QZ 8501 : Rémi Plésel, un copilote engagé
Je sympathise avec ses proches. Pour moi cependant, le pilotage est un travail plutôt ennuyeux en plus d'être stressant. De plus, c'est comme rouler pour rouler, ça donne l'impression qu''on fait quelque chose quand dans le fond, on ne fait que brûlér du fioul.
Je suis un ancien pilote privé à la retraite et aujourd'hui je réalise que le mode de vie à base d'énergie fossile, c'est de la frime, du rêve à l'americaine, du vide. Enfin, abandonner une carrière d'ingénieur pour un siège dans la cabine de pilotage d'un avion commercial, c'est de rêver aveuglément.
La vie est ainsi faite ce qui fait bien l'affaire des quelques ogres insatiables menant l'humanité à la ruine. Bon vol !
Vol QZ 8501 : Rémi Plésel, un copilote engagé
Il a eu raison de réaliser son rêve.beaucoup comme moi sont cloués au sol pour des problèmes de vue.je suis pilote "amateur" ,je balise à chaque fois que je passe la visite médicale.
Vol QZ 8501 : Rémi Plésel, un copilote engagé
Trébor vous qui avait volé avec passion, je ne vois pas en quoi quitter TOTAL pour finir dans un avion est un rêve aveugle.
Monter dans un avion c'est comme cocher les mentions légales à la base d'un contrat qui est que quoi qu'il arrive on peut mourir. Le cockpit est le plus beau bureau qu'un pilote puisse rêver, moi j'ai déjà accepté le faite que mourir dans un cockpit est plus plaisant que de se faire écraser comme un chien sur un passage piéton.
Voler est un rêve, le travail en est le prix, voir un soleil cochant au FL350 est la récompense.
Vol QZ 8501 : Rémi Plésel, un copilote engagé
Le problème des énergies fossiles dans le cas de Rémi n'est pas le problème, c'est tout simplement aller au bout de son rêve et de sa passion. Le pilotage n'est pas un travail plus ennuyeux qu'un autre, surtout s'il est choisi et le fruit d'une volonté, il est un accomplissement fort s'il est l'aboutissement d'une vocation. Je plains sincèrement ceux qui l'age ou leur renoncement aidant ont désertés leurs rêves ou plus simplement leur idéal.
Vol QZ 8501 : Rémi Plésel, un copilote engagé
Rémi que ta passion demeure vivante...Repose en paix.
Sincères condoléances à toute ta famille dans la douleur.
Vol QZ 8501 : Rémi Plésel, un copilote engagé
hommage à un ex collègue de total qui a eu le courage de quitter une carriere et un travail (très) bien rémunéré pour vivre sa passion.
Vol QZ 8501 : Rémi Plésel, un copilote engagé
J'apprécie beaucoup cet hommage rendu à un pilote disparu. Il faisait partie de ces fanas qui ont tout consacré à leur passion et qui prouvent que tout est possible lorsqu'on le veut très fort.
Moi aussi, je l'associe à Joël Chérubin.
Il y a encore dans les cockpits de vrais pilotes qui croient en leur étoile.
Christian RAVEL
Ancien instituteur, devenu CdB (R) B-747